Les dangers du trotteur bébé
Petits pas de Géant, au-delà d’une expertise autour de la chaussure pour enfant, c’est aussi un acteur engagé dans le respect de la physiologie et de la motricité des enfants. Il est donc très important pour nous de partager ce qui est bon, mais aussi de vous alerter sur ce qui est mauvais pour vos petits Géants.
Saviez-vous que le trotteur était dangereux pour bébé ? Voici pourquoi cet objet est à bannir de vos maisons.
Qu’est-ce qu’un trotteur pour bébé ?
Trotteur, baby trotter ou youpala, c’est la même chose. Cet objet à roulettes est utilisé pour que bébé puisse « marcher » sans l'aide d'un adulte. Il est positionné assis ou debout et peut avancer tout seul car son poids repose sur un harnais. Il se déplace alors les jambes fléchies, en poussant sur la pointe des pieds, buste penché en avant.
En France, le trotteur est encore (malheureusement) très populaire auprès des familles. Cela peut se comprendre lorsqu’on sait qu’il est vendu comme un objet favorisant l’apprentissage de la marche et l’autonomie du bébé. Pourtant, lorsqu’on demande l’avis des professionnels de santé, la réponse est toute autre. Ils déconseillent son utilisation et mettent en garde contre ses dangers.
Pourquoi le trotteur n’est pas bon pour bébé ?
Loin de faciliter l’acquisition de la marche, le trotteur la retarderait même. Il présente également de nombreux risques pour l'enfant.
Le trotteur ou youpala est interdit à la vente au Canada depuis 2004 et proscrit en France dans les crèches et chez les assistantes maternelles.
Des risques de retard dans l’apprentissage de la marche
« L’enfant n’acquiert pas le schéma de marche, il est retenu par une culotte, il n’a donc pas son corps en appui sur ses pieds. Il a tendance à frapper le sol avec la pointe du pied, donc avancer et reculer mais sans vraiment découvrir le schéma de marche. Il ne perçoit pas la distance de façon optimale car il a cet arceau autour de lui. Il est mal tenu au niveau de sa colonne vertébrale. » - Aude Buil, psychomotricienne et docteur en psychologie du développement (2021).
Dans un trotteur, on a l’impression que bébé a une position similaire à celle adoptée pendant la marche. Mais il suffit de le voir avancer pour se rendre compte que ce n’est pas du tout le cas ! Comme il n’a pas besoin d’être en équilibre sur ses deux pieds pour avancer, il va se pencher en avant et se mettre sur la pointe des pieds pour avancer à toute vitesse. Il ne travaille pas son équilibre, ni ses articulations, ni sa coordination bras/jambes, or ce sont des étapes indispensables pour réussir à marcher.
Le risque est donc de voir bébé faire ses premiers pas en ayant le corps penché en avant, sur la pointe des pieds. Cela peut entraîner des déformations au niveau des jambes, des pieds et des hanches. Une fois que l’enfant marche sur la pointe des pieds, il est difficile de l’aider à acquérir un autre schéma de marche. Les muscles et les tendons ne sont pas travaillés de façon physiologique.
Des risques d’accidents domestiques
L’Association Européenne pour la Sécurité de l’Enfant milite depuis de nombreuses années pour que le youpala soit interdit à la vente car de nombreux modèles ne respectent pas les normes françaises de sécurité mises en place en 2005.
Ce qui est présenté comme un jouet d’éveil ludique par les marques est en fait très problématique, non seulement pour le développement physique de l’enfant, mais aussi à cause les risques d’accidents liés à son utilisation.
Le saviez-vous : en France, 80 % des accidents domestiques faisant intervenir des trotteurs ont lieu à la suite d’une chute dans les escaliers.
Avec la vitesse et le poids du bébé, les barrières de protection placées en haut des escaliers cèdent plus facilement en cas de choc. Même en prenant ces précautions à l’étage, bébé risque quand même de chuter et de se faire très mal. Traumatismes crâniens et lésions cérébrales sont enregistrées chaque année à cause des trotteurs, avec souvent la même phrase venant des parents « je ne savais pas que c’était dangereux ».
En trotteur, bébé peut prendre de la vitesse très rapidement, de façon assez impressionnante. Ne se rendant pas compte des risques et sans moyen de freiner, le trotteur peut facilement se cogner contre les murs et les meubles. Le choc risque alors de causer des blessures, un objet peut tomber sur le bébé.
Le trotteur peut aussi basculer vers l’arrière si l’enfant y place ses appuis ou s’il a un mouvement brusque de recul. Dans ce cas, l’enfant pourrait se faire très mal en tombant au sol, notamment sur le crâne.
Les petites roulettes du trotteur sont susceptibles de se coincer dans des obstacles au sol, dans les câbles et les fils. Si vous laissez traîner un câble par terre, un accident peut vite arriver.
Enfin (comme si ce n’était pas assez), des accidents liés à des brûlures se produisent chaque année, l’enfant pouvant attraper, cogner ou toucher des objets brûlants : casserole, tasse de café, four… qui ne sont normalement pas à sa portée.
Par quoi remplacer le trotteur ?
Il existe beaucoup d’autre jouets bien moins dangereux que le trotteur pour stimuler l’enfant et favoriser la marche. Cette évolution naturelle s’acquiert généralement entre 12 et 18 mois, en fonction du développement physiologique et psychologique de l’enfant.
Dans un premier temps, vous pouvez utiliser un tapis d’éveil sur lequel bébé pourra appréhender la motricité librement, ramper, se retourner, se mettre à 4 pattes.
Lorsqu’il commencera à se tenir debout, vous pourrez lui proposer un chariot de marche ou un porteur. Ils ne présentent pas de risque particulier pour le bébé et aideront à le sécuriser dans sa marche.
« Ce n’est pas du tout la même chose. L’enfant est bien en appui, il va découvrir les mouvements de poussée avant et arrière et peut diriger. Quand il est plus grand, il va pouvoir faire la bascule de son corps et aller en avant, tout en étant rassuré par rapport à cela. » - Aude Buil, psychomotricienne et docteur en psychologie du développement (2021).
Cette mise en garde était nécessaire et très importante pour nous, afin que les parents qui nous font confiance soient au courant des risques liés à l’utilisation du trotteur bébé. Notre discours n’est en aucun cas moralisateur, il vise simplement à prévenir du danger et à éviter les malheureux accidents.
Croisons les doigts pour que cet objet de malheur soit enfin interdit en France !
